Henri René GRAETZ (1908-1989) : Une vie au « Service de la FRANCE » / a life of service to France

English version below

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler un peu de Henri GRAETZ, l’un des deux frères (ou plutôt demi-frères) de ma grand-mère paternelle Elsa GRAETZ.

Je dis « demi-frère », car il est né « Henri Moscherosch », le 4 Mars 1908 à Bischwiller, fils de Catherine Lina Moscherosch.

Ascendance de Henri Graetz :

Biographie :

Enfance à Bischwiller :

Henri Moscherosch est né le 4 Mars 1908 à Bischwiller, fils de Catherine Lina Moscherosch. Il sera adopté par Henri Graetz, et prendre le patronyme de Graetz, le jour du mariage de ses parents, le 30 Novembre 1912 à Bischwiller.

Il a un frère, Charles, né en 1909 également adopté par Henri Graetz et une sœur, Elsa Louise, née du couple Henri et Catherine en 1913. Voici trois photos de leur enfance, à Bischwiller, dont deux avec leur mère, Catherine Moscherosch.

Emigration en Indochine (Cochinchine) :

Adulte, le jeune Henri décide visiblement de s’installer en Indochine française, plus précisément à Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville), en Cochinchine, comme le montre plusieurs photos, ainsi que son certificat de mariage.

Cette photo de Henri Graetz porte la mention « Saïgon 1937 » – Il avait alors 29 ans

Deuxième Guerre Mondiale en Indochine au sein des Forces Française Libres :

Au début de la seconde guerre mondiale, Henri est encore en Indochine. Grâce à la « Liste Ecochard » (voir mon article à ce sujet en cliquant sur le lien), j’ai pu retrouver sa trace durant cette période.

Dans ce document, on apprend que Henri a rejoint, à partir du 01 Décembre 1941, les Forces Françaises Libres (FFL), suite à l’appel du 18 Juin 1940 du Général De Gaulle, et qu’il faisait partie du réseau de résistance intérieure, dans le réseau « Graille ».

Le texte ci-dessous nous informe, qu’effectivement, le réseau Graille, du nom de Martial Graille, est le réseau actif en Indochine, où, « pour les français, la seule forme d’action possible contre les Japonais consistait à les espionner » (cf. mon article).

Henri était donc un membre actif de la Résistance / FFL.

Mariage et Guerre d’Indochine :

Une fois la seconde guerre mondiale terminée, Henri épouse, le 20 Juillet 1946 Jacqueline Marie-Anna ABRIAL (1923-2005) à Saïgon.

De l’union de Henri et Jacqueline naîtra un fils : Daniel GRAETZ, né en 1952.

Cette période-là correspond cependant à celle de la guerre d’Indochine, débutant en décembre 1946, et s’arrêtant par la signature des accords de Genève le 24 Juillet 1954 qui reconnaissent l’indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam en deux zones de regroupement militaire (l’Armée populaire vietnamienne au nord du 17e parallèle, et le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient au sud de cette zone de démarcation militaire). La souveraineté de la République démocratique du Viêt Nam était reconnue par ces accords au nord du 17e parallèle, celle de l’État du Viêt Nam sous administration franco-vietnamienne au sud de ce parallèle, et la réunification entre les deux zones était envisagée pour 1956, après référendum. Une Commission internationale de contrôle (CIC) avait été créée pour surveiller l’application des accords d’armistice. Elle était constituée par le Canada, la Pologne et l’Inde.

Il n’y a aucune information de disponible concernant une éventuelle participation active de Henri lors de ce conflit, néanmoins, il est fort probable qu’il a continué à agir pour la France comme il l’a fait durant la deuxième guerre mondiale.

Passage en Algérie (Biskra) vers la fin des années cinquante :

Si l’on tient compte des autres documents retrouvés, il est fort probable que le couple ait quitté Saïgon vers 1957/1958 pour se retrouver « muté » en Algérie.

En effet, j’ai retrouvé la trace de Henri Graetz à Biskra, en Algérie, vers la fin de la guerre d’Algérie.

Son nom est tout d’abord mentionné dans un document intitulé « Fonds de l’Association Nationale d’Action pour la Fidélité au Général de Gaulle », par Brigitte Blanc (Archives Nationales de France) et on apprend qu’il était le délégué de l’arrondissement de Biskra pour ladite association qui avait juré fidélité au Général de Gaulle après la tentative de Putsch de certains Généraux en 1958.

Le Putsch d’Alger en 1958 :

Le putsch d’Alger ou coup d’État du 13 mai est le coup d’État mené à Alger (département d’Alger) le mardi 13 mai 1958, conjointement par l’avocat et officier parachutiste de réserve Pierre Lagaillarde, les généraux Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Jean Gracieux, l’amiral Auboyneau avec l’appui de la 10e division parachutiste du général Massu et la complicité active des alliés de Jacques Soustelle.

Dans le contexte de la guerre d’Algérie et d’une lutte pour le pouvoir, ce coup d’État militaire avait pour but d’empêcher la constitution du gouvernement Pierre Pflimlin et d’imposer un changement de politique allant dans le sens du maintien de l’Algérie française au sein de la République. La crise qu’il provoqua se solda par la fin de la « traversée du désert » pour le général en retraite Charles de Gaulle et son retour aux affaires. Indirectement, cet événement est à l’origine de la fin de la Quatrième République et de l’avènement de la Cinquième République.

Puis, on retrouve Henri Graetz en Avril 1961, lors d’une cérémonie militaire durant laquelle il reçoit une décoration, comme le montre les photos suivantes (toutes ces photos retrouvées portent la mention « Biskra, 30 Avril 1961 »).

Retour en France dans les années 60 et installation dans la Drôme :

Selon toute vraisemblance, à la fin de la guerre d’Algérie, le couple est retourné s’installer en France vers 1962. Il se sont installés dans la Drôme, à Nyons, comme le montre l’acte de décès de Henri.

D’autre part, le Bulletin n°44 de la Société d’Etude Nyonsaises, « Terre d’Eygines », daté de 2009, fait référence à Mme Graetz, Jacqueline donc, et nous informe qu’elle a été la directrice laïque « la plus fidèle » de l’Ecole Notre-Dame de Nyons entre 1962 et 1975, ce qui confirme un retour en France au plus tard en 1962.

Voici l’extrait en question :

Henri décède le 6 Août 1989 à Nyons (Drôme) à l’âge de 81 ans.


Today I’d like to tell you a little about Henri GRAETZ, one of the two brothers (or rather half-brothers) of my paternal grandmother Elsa GRAETZ.

I say « half-brother » because he was born « Henri Moscherosch » on March 4, 1908 in Bischwiller, son of Catherine Lina Moscherosch.

Biography

Childhood in Bischwiller :

Henri Moscherosch was born on March 4, 1908 in Bischwiller, the son of Catherine Lina Moscherosch. He was adopted by Henri Graetz, and took the Graetz surname on his parents’ wedding day, November 30, 1912 in Bischwiller.

He had a brother, Charles, born in 1909, also adopted by Henri Graetz, and a sister, Elsa Louise, born to Henri and Catherine in 1913. Here are three photos of their childhood in Bischwiller, including two with their mother, Catherine Moscherosch.

Emigration to Indochina (Cochinchine) :

As an adult, young Henri evidently decided to settle in French Indochina, more precisely in Saigon (Hô-Chi-Minh-Ville), Cochinchina, as shown by several photos and his marriage certificate.

World War II in Indochina with the Free French Forces:

At the start of the Second World War, Henri was still in Indochina. Thanks to the « Liste Ecochard » (see my article on this subject by clicking on the link), I was able to trace his whereabouts during this period.

In this document, we learn that Henri joined the Free French Forces (FFL) on December 01, 1941, following General De Gaulle’s June 18, 1940 appeal, and that he was part of the « Graille » domestic resistance network.

The text below informs us that, indeed, the Graille network, named after Martial Graille, was the network active in Indochina, where, « for the French, the only possible form of action against the Japanese was to spy on them » (see my article).

Henri was therefore an active member of the Resistance / FFL.

Marriage and the Indochina War:

After the Second World War, Henri married Jacqueline Marie-Anna ABRIAL (1923-2005) in Saigon on July 20, 1946.

Henri and Jacqueline had a son: Daniel GRAETZ, born in 1952.

However, this was the period of the Indochina War, which began in December 1946 and ended with the signing of the Geneva Accords on July 24, 1954, recognizing the independence of Laos and Cambodia and the temporary division of Vietnam into two military regrouping zones (the Vietnamese People’s Army north of the 17th parallel, and the French Expeditionary Corps in the Far East south of this military demarcation zone). The agreements recognized the sovereignty of the Democratic Republic of Vietnam north of the 17th parallel, and that of the State of Vietnam under Franco-Vietnamese administration south of the parallel. Reunification of the two zones was scheduled for 1956, following a referendum. An International Control Commission (CIC) was set up to oversee application of the armistice agreements. It was made up of Canada, Poland and India.

There is no information available concerning Henri’s active participation in this conflict, but it is highly probable that he continued to act on behalf of France, as he had done during the Second World War.

Passage to Algeria (Biskra) in the late fifties:

If we take into account the other documents found, it’s highly likely that the couple left Saigon around 1957/1958 to find themselves « transferred » to Algeria.

Indeed, I traced Henri Graetz to Biskra, Algeria, towards the end of the Algerian war.

His name is first mentioned in a document entitled « Fonds de l’Association Nationale d’Action pour la Fidélité au Général de Gaulle », by Brigitte Blanc (Archives Nationales de France), and we learn that he was the Biskra district delegate for the said association, which had sworn loyalty to General de Gaulle after the attempted Putsch by certain Generals in 1958.

Henri Graetz was again present in April 1961, at a military ceremony during which he received a decoration, as shown in the following photos (all of which are marked « Biskra, April 30, 1961 »).

Returned to France in the 60s and settled in the Drôme:

In all likelihood, at the end of the Algerian war, the couple returned to France around 1962. They settled in Nyons, Drôme, as Henri’s death certificate shows.

Furthermore, Bulletin n°44 of the Société d’Etude Nyonsaises, « Terre d’Eygines », dated 2009, refers to Mme Graetz, Jacqueline, and informs us that she was the « most faithful » lay headmistress of the Ecole Notre-Dame de Nyons between 1962 and 1975, confirming a return to France no later than 1962.
Henri died on August 6, 1989 in Nyons (Drôme) at the age of 81.

Une réponse à « Henri René GRAETZ (1908-1989) : Une vie au « Service de la FRANCE » / a life of service to France »

  1. […] a deux demi-frères, Henri né en 1908 et Charles né en 1909, adoptés par Henri Graetz le jour de son mariage avec Catherine […]

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