André ZIMPFER (1880-1916), alias/AKA Baptiste Déloge

— English version below —

Mais qui est donc Baptiste Déloge, militaire français du 57e Régiment d’Infantrie, tué par l’ennemi lors d’un bombardement allemand le 12 Janvier 1916 sur la commune de Moussy-Verneuil dans l’Aisne, non loin du « chemin des dames », et mort pour la France ?

En parcourant les dossiers militaires de la 1ère guerre mondiale, à la recherche de « Zimpfer », je suis tombé sur André Zimpfer, alias Baptiste Déloge.

C’est dans une Alsace occupée par le Reich Allemand depuis le traité de Frankfort signé le 10 Mai 1871, qu’est né André ZIMPFER le 4 Juillet 1880, à Oberhoffen-sur-Moder de Michel Geoffroi ZIMPFER et Elisabeth KAYSER.

Ces parents avaient donc, en 1871/1872 fait le choix de rester en Alsace, et ont donc opté pour la nationalité allemande.

André est le troisième d’une fratrie de huit enfants. Son frère aîné Martin Michael est né en 1875, puis viendront Elisabeth (1977), Magdalena (1878), André (1880), Charles (1883), Caroline (1887), Charles (1890), Maria (1893) et Louise (1895).

André, tout comme ses frères, est donc né avec la nationalité allemande, alors que ces parents sont tous les deux, nés français, mais, optant en 1871 pour l’Allemagne, ont été naturalisés allemands. Cela veut aussi dire qu’à partir de 18 ans, en cas d’obligations militaires, c’est dans l’armée du Reich qu’ils seront mobilisés.

L’enfance d’André n’est pas très heureuse. Il verra d’abord mourir son petit frère Charles à l’âge d’un an en 1884, puis sa petite sœur Marie à l’âge de trois an (1896), puis finalement son frère aîné, Martin Michael, en 1898. De fait, il va quitter Oberhoffen dans sa jeunesse pour rejoindre la France apparemment.

En Août 1914 de déclenche ce qu’on appellera la Grande Guerre, et la majorité des Alsaciens-Lorrains en âge de combattre sont mobilisés dans les armées du Reich. Cependant André ne peut s’y résoudre. Alors qu’il avait déjà quitté Oberhoffen pour se rendre hors de l’Alsace et en zone française, une loi votée en France le 5 août 1914, (voir aussi l’article sur la naturalisation de RFGénéalogie) va lui faire miroiter la possibilité de retrouver la nationalité française.

Cette lui, en effet, offre aux Alsaciens-Lorrains qui le souhaitent, d’acquérir la nationalité française en signant un acte d’engagement dans les forces armées pour la durée de la guerre qui venait de débuter. Il décide donc de suivre cette voix. Pour prouver sa loyauté envers la France, il signe un engagement le 15 Aout 1914 et endosse l’uniforme français caractéristique du début de guerre (pantalon rouge garance, capote bleue) et prend la nationalité française.

Une autre circulaire ministérielle datant du 24 février 1915 précise les précautions à prendre vis-à-vis des engagés volontaires alsaciens-lorrains par rapport à leur état-civil : on les incite fermement à utiliser un nom d’emprunt ou nom de guerre. Ainsi, en cas de capture par les Allemands, aucune mesure de représailles ne saurait être exercée à leur encontre ou contre leur famille restée en terre allemande, du moins en théorie.

Dans les faits, un état civil fictif leur est attribué, avec un nouveau livret militaire et une nouvelle plaque d’identité, le bureau de recrutement étant le seul organisme à connaître la véritable identité du porteur du document. Bien entendu, il est conseillé de choisir un nom qui ne laisse aucun doute sur son origine française.

C’est ainsi qu’André Zimpfer devient le Soldat 2ème Classe Baptiste Déloge, Matricule 489 – Bureau de recrutement : Lorient (NB : qui ne correspond en rien à son bureau de recrutement réel maintenu secret), affecté à la 10ème Compagnie du 57ème Régiment d’Infanterie.

C’est lors d’un bombardement allemand le 12 janvier 1916, que le Soldat Baptiste Déloge sera tué, sur la commune de Moussy-Verneuil dans l’Aisne, non loin du « chemin des dames ».

Il sera inhumé d’abord dans le cimetière du château de Verneuil à Moussy-Verneuil, puis transféré dans la Nécropole Soupir 1, sous le nom DELOGE Baptiste, avec les mentions : « Tué à l’ennemi » et « Mort pour la France » (cf. son dossier militaire).

Le 57e Régiment d’Infantrie – de 1915 à 1917

Durant toute l’année 1915, le 57e R. I. occupe le secteur de Verneuil. Il s’emploie entièrement à en fortifier les organisations défensives et à en rendre la position inexpugnable. Des réseaux de fil de fer sont tendus, très denses, en avant de nos lignes ; des abris profonds sont creusés pour abriter la garnison des tranchées de 1re ligne. Divisé en deux secteurs de bataillons : « Plateau de Verneuil » et « Beaulne », il conserve un bataillon au repos.

D’abord à Vauxtin, puis à Bourg-et-Comin, ce bataillon s’exerce, à l’abri de la cote 175, s’entretient pour les combats futurs et travaille aussi aux organisations de la deuxième position située au nord de l’Aisne. Au bout de quelque temps, le 1er bataillon est maintenu en permanence avec deux compagnies en 1re ligne sur le plateau et deux compagnies au repos à Verneuil. Les 2e et 3e bataillons alternent entre eux dans le secteur de Beaulne. Au cours de cette période ingrate, sous les bombardements constants d’obus et de mines de tous calibres, les « Poilus » utilisent la pelle et la pioche, avec une ardeur et un courage constant. A partager les mêmes dangers et les mêmes fatigues, officiers et soldats acquièrent dans les tranchées de Beaulne et de Verneuil cette confiance mutuelle, cette cohésion qui devaient plus tard, sur les champs de bataille, de 1916-1917 et 1918, porter à son maximum l’ardeur combative du 57e.

Au surplus, en quittant le secteur où il fut relevé le 15 avril 1916, par le 73e R. I., le Régiment eut la fierté de passer à ses successeurs un secteur parfaitement organisé, qui assurait, à cette partie du front, une inviolabilité absolue. C’est dans le secteur de Verneuil que, le 25 janvier 1916, le lieutenant-colonel BUSSY prend le commandement du Régiment en remplacement du colonel HUGUENOT, placé à la tête d’une brigade. Le lieutenant-colonel BUSSY restera à la tête du beau 57e pendant toute la durée des hostilités.

Nécropole Française n°1 – Soupir

La nécropole nationale n°1 de Soupir a été édifiée au cours du conflit et contient sept mille huit cent six corps. Des travaux de regroupement ont commencé dans cette nécropole dès 1920, les corps provenant de divers cimetières du Chemin des Dames. Située au bord de la D925, cette nécropole de 27.733 m², édifiée au cours du conflit, contient 7.806 corps dont 2.822 en ossuaires (3).

On y trouve également 266 corps dans quatre fosses collectives (provenant des sites de Vieil-Arcy, Glennes, Pargny-Filain et Athies-sous-Laon), ainsi que la tombe d’un soldat belge et celle d’un russe. Des travaux de regroupement ont commencé dans cette nécropole dès 1920, les corps provenant de divers cimetières du Chemin des Dames, mais, face à la découverte de nouveaux corps, il a fallu créer une autre nécropole, en 1934, de l’autre côté de la route : Soupir n°2.


But who was Baptiste Déloge, a French soldier in the 57th Infantry Regiment who was killed by the enemy during a German bombardment on 12 January 1916 in the commune of Moussy-Verneuil in the Aisne, not far from the Chemin des Dames, and who died for France?

Whilst looking through the military records of the 1st World War for ‘Zimpfer’, I came across André Zimpfer, alias Batiste Déloge.

André ZIMPFER was born on 4 July 1880 in Oberhoffen-sur-Moder to Michel Geoffroi ZIMPFER and Elisabeth KAYSER in Alsace, which had been occupied by the German Reich since the Treaty of Frankfurt signed on 10 May 1871.

In 1871/1872, his parents had therefore chosen to remain in Alsace, and opted for German nationality.

André was the third of eight siblings. His eldest brother Martin Michael was born in 1875, followed by Elisabeth (1977), Magdalena (1878), André (1880), Charles (1883), Caroline (1887), Charles (1890), Maria (1893) and Louise (1895).

André, like his brothers, was therefore born with German nationality, whereas his parents were both born French but, having opted for Germany in 1871, were naturalised Germans. This also meant that from the age of 18, if they had to do military service, they would be drafted into the Reich army.

André’s childhood was not a happy one. First his little brother Charles died at the age of one in 1884, then his little sister Marie at the age of three (1896), and finally his eldest brother, Martin Michael, in 1898. In fact, he left Oberhoffen in his youth to join France, apparently.

The Great War broke out in August 1914, and the majority of Alsatians-Lorrains of fighting age were drafted into the armies of the Reich. But André couldn’t bring himself to do it. Although he had already left Oberhoffen to go outside Alsace and into the French zone, a law passed in France on 5 August 1914 offered him the chance to regain French nationality.

The law offered Alsatians-Lorrains who wished to do so the chance to acquire French nationality by signing a deed of enlistment in the armed forces for the duration of the war that had just begun. So he decided to do just that. To prove his loyalty to France, he signed an enlistment form on 15 August 1914, donned the French uniform typical of the start of the war (madder-red trousers, blue capote) and took French nationality.

Another ministerial circular dated 24 February 1915 set out the precautions to be taken with regard to Alsatian-Lorraine volunteers’ civil status: they were strongly encouraged to use an alias or nom de guerre. In this way, if they were captured by the Germans, no reprisals could be taken against them or their families who had remained on German soil, at least in theory.

In practice, they were given a fictitious civil status, with a new military service book and a new identity plate, as the recruitment office was the only body to know the true identity of the bearer of the document. Of course, they were advised to choose a name that left no doubt as to their French origin.

This is how André Zimpfer became Private 2nd Class Baptiste Déloge, Regimental number 489 – Recruitment office: Lorient (NB: this in no way corresponds to his actual recruitment office, which is kept secret), posted to the 10th Company of the 57th Infantry Regiment.

Private Baptiste Déloge was killed during a German bombardment on 12 January 1916, in the commune of Moussy-Verneuil in the Aisne, not far from the « Chemin des Dames ».

He was first buried in the Château de Verneuil cemetery in Moussy-Verneuil, then transferred to Soupir 1 Necropolis, under the name DELOGE Baptiste, with the words: « Killed by the enemy » and « Died for France » (see his military file).

The 57th Infantry Regiment – from 1915 to 1917

Throughout 1915, the 57th Infantry Regiment occupied the Verneuil sector. It devoted itself entirely to fortifying the defensive organisations and making the position impregnable. Very dense wire networks were stretched out in front of our lines; deep dugouts were dug to shelter the garrison of the 1st line trenches. Divided into two battalion sectors: « Plateau de Verneuil » and « Beaulne », it kept one battalion at rest.

First at Vauxtin, then at Bourg-et-Comin, this battalion trained in the shelter of hill 175, prepared for future fighting and also worked on the organisation of the second position north of the Aisne. After a while, the 1st Battalion was maintained permanently with two companies in the front line on the plateau and two companies resting at Verneuil. The 2nd and 3rd Battalions rotated between them in the Beaulne sector. During this thankless period, under constant bombardment from shells and mines of all calibres, the « Poilus » used shovels and pickaxes with constant ardour and courage. Sharing the same dangers and the same fatigue, officers and soldiers acquired in the trenches of Beaulne and Verneuil the mutual trust and cohesion that would later, on the battlefields of 1916-1917 and 1918, bring the fighting spirit of the 57th to its peak.

Moreover, on leaving the sector where it had been relieved on 15 April 1916 by the 73rd Infantry Regiment, the Regiment had the pride of passing on to its successors a perfectly organised sector, which ensured absolute inviolability for this part of the front. It was in the Verneuil sector that, on 25 January 1916, Lieutenant-Colonel BUSSY took command of the Regiment, replacing Colonel HUGUENOT, who had been placed in command of a brigade. Lieutenant-Colonel BUSSY remained at the head of the fine 57th throughout the hostilities.

French Necropolis No. 1 – Soupir

National Necropolis No. 1 at Soupir was built during the war and contains 7,800 bodies. Consolidation work began in this necropolis in 1920, with bodies coming from various cemeteries on the Chemin des Dames. Situated on the edge of the D925, this 27,733 m² necropolis, built during the conflict, contains 7,806 bodies, 2,822 of which are in ossuaries.

There are also 266 bodies in four mass graves (from the Vieil-Arcy, Glennes, Pargny-Filain and Athies-sous-Laon sites), as well as the graves of a Belgian soldier and a Russian. Work began in this necropolis in 1920 to bring together bodies from various cemeteries on the Chemin des Dames, but the discovery of new bodies made it necessary to create another necropolis in 1934, on the other side of the road: Soupir No. 2.

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